Je ne sais pas par où commencer. A l’heure où je commence à rédiger cet article, les émotions sont encore là. Je ne réalise pas encore vraiment que je viens de courir un marathon. 42,195km. Un mélange de joie, de fierté et d’excitation. Je l’ai fait putain ! Je suis marathonienne. Ces mots raisonnent en moi comme un écho. J’ai réussi à aller au bout d’un challenge qui me tenait vraiment à cœur et pour lequel l’incertitude de l’arrivée planait dans mon esprit (et cela jusqu’au 33ème kilomètre).
Tout à commencé il y a plusieurs mois lorsque mon chéri m’a proposé de se lancer dans la préparation d’un marathon. Et pour moi, plus qu’un challenge sportif, ce défis a une vraie symbolique (à lire ici).
Pendant les 12 semaines de préparation de ce marathon j’ai :
- Perdu 13 kilos
- Gagné confiance en moi
- Couru plus de 251km
- Appris à écouter mon corps et à prendre soin de moi
- Eté entouré et coaché par les gens que j’aime
- Eu un coup dur pendant l’entraînement de 28 kilomètres
- Appris à ne pas baisser les bras et à croire en moi
La semaine avant le jour J, je suis passée par toutes les émotions possibles. J’ai eu une grosse baisse de moral 5 jours avant la course puis je ne tenais plus en place, impatiente d’en découdre avec les 42,195km. J’ai écouté avec grande attention tous les conseils des marathoniens autours de moi : « tu verra tu sera malade quelques jours avant la course c’est normal ». (Oui mais j’ai pas enviiiiiiie d’être malade, je veux être à 150% le jour J.) Et comme on me l’avait prédit, je suis tombée malade. Un sacré rhume et mal de gorge. Alors j’ai multiplié les thés, tisanes pour hydrater au maximum mon corps et prié pour que la toux et mon nez bouché ne m’handicape pas le jour du marathon.
Une semaine avant la course, j’ai regardé les prévisions météo tous les jours en espérant qu’il ne fasse ni trop chaud, ni trop froid et que la pluie ne s’invite pas. Mais la météo est capricieuse et change à peu près tous les jours. On prévoit de la pluie. Et là je repense à mon 1er semi-marathon de paris à attendre 1/2 heure dans le déluge…heureusement à J-1 mon oncle m’appel et m’annonce que la météo prévue s’annonce parfaite. Température idéale et pas de pluie. Je revis. Je veux que tout soit parfait, et le moindre détail compte.
Arrivés à Lyon la vieille, c’est sous une pluie torrentielle que nous partons récupérer nos dossards. La découverte du village se résume donc à passer faire un petit coucou à une amie au stand Quitoque et à récupérer vite fait nos dossards avant de rentrer chez mon oncle et ma tante pour se mettre au chaud. Je pense que je ne les remercierai jamais assez pour toute l’organisation. Nous avons été chouchoutés et je crois que je ne pouvais pas rêver mieux comme environnement pour un premier marathon.
A J-1 de la course, on se repose. Objectif, dépenser le moins d’énergie possible pour être à fond le lendemain. On s’hydrate beaucoup et pasta party avant d’aller se coucher tôt. Pour la petite anecdote, je crois que je n’ai jamais autant mangé de pâte d’un seul coup : 200g histoire de faire le plein d’énergie.
Jour J : réveil à 6h20 pour petit déjeuner 3 heures avant le départ. Tout le monde m’avait annoncé que je risquais de mal dormir la veille, mais bizarrement j’ai dormi comme une marmotte et mon corps en avait bien besoin. Et oui je suis toujours malade à quelques heures de prendre le départ.
C’est dans le froid et sous une brume épaisse que nous prenons la route pour la place Bellecour où le départ sera lancé. Emmitouflés dans de gros pulls et en jogging que nous laisserons dans les bennes de départ je commence doucement à réaliser que ça y est. On y est. C’est le jour J. 3 mois de préparation pour 42,195km. C’est maintenant.
5…4…3…2…1 GOOOOOOOOO
Le départ est lancé. Il y a beaucoup de monde. Le semi-marathon part en même temps que nous pour nous quitter au 17ème kilomètres. Et là, comme par magie, mon nez commence à se déboucher et je ne me sens plus du tout malade. Yihaaa.
1er – 5ème km : c’est un peu dur, j’ai les jambes dures, elles ne sont pas encore lancées et il y a beaucoup de monde.
5ème – 8ème km : ça y est j’ai trouvé mon rythme, je me sens bien et on va même plus vite que l’allure que l’on c’était donnée. Fabienne nous attend au 8ème kilomètres et je suis tellement heureuse qu’elle soit là. Elle en profite pour prendre des photos et les envoyer à toute ma famille qui n’a pu se déplacer pour l’occasion. Encore quelques kilomètres et on se retrouve au 13ème.
8ème – 13ème km : aucune douleur, le cardio est là et nous tenons toujours une bonne allure. Le temps est parfait, j’ai ma petite bouteille d’eau à la main et je m’hydrate toutes les 15 minutes. Aucun nuage dans ma tête, je me sens bien. Et hop un dernier petit coucou à Fabienne avant de la retrouver au 28ème km.
21ème km : ça y est on a fait un semi-marathon. Je me sens pousser des ailes. Mon chéri m’annonce que si l’on continue comme ça, on finira le marathon en 4h30. Mon excitation est telle que je me sens pousser des ailes. Aucune douleur à signaler, je me sens forte et dans ma tête je m’imagine déjà sur la ligne d’arrivée.
27ème km : on sort du Parc de la Tête d’Or et d’un coup, un énorme coup de massue me tombe sur la tête. Je ne l’ai pas vu arriver, mais sans prévenir tout devient dur. Très dur. Ma douleur au bas du dos que je redoutais tant apparaît et se fait de plus en plus intense. Je réalise tout ce qu’on vient de courir mais je réalise également que l’on est encore bien loin de l’arrivée. Et à ce moment là c’est le doute total. La confiance en moi s’évanouie et je ne sais pas si je vais y arriver. Il nous reste encore plus de 15km à faire. Dans ma tête c’est beaucoup. J’attends le 28ème km avec impatience. Je sais que Fabienne sera là.
28ème km : Fabienne est là enfin. Mais j’ai très mal au dos. Je commence à marcher et je m’en veux. Je m’en veux parce que je n’ai pas fait tout ces efforts pour abandonner maintenant. Je m’en veux parce que je ne suis pas seule dans cette épreuve et je ne veux pas décevoir les gens que j’aime, qui m’ont soutenu et me soutiennent. Je veux qu’ils soient fières de moi.
Le mur dont tous les marathoniens parlent je l’ai eu du 28 au 33ème km. Et puis d’un coup je me reconcentre. Je me remets dans cette bulle qui m’aide à prendre conscience pourquoi je suis là. De tout ce que j’ai parcouru jusque là. Je ne peux pas abandonner. Pas maintenant. Alors je repense aux mots que je disais à ma copine Caro lors de son marathon de Paris : « il ne reste que 9km. 9km c’est quoi? Une sortie longue du dimanche. Ce n’est rien. Aller tu as fait le plus dur. » Je m’encourage à voix haute, j’encourage les gens autours de moi qui commencent également à ressentir la fatigue. Je regarde mon chéri et mon oncle qui courent à mes côtés. Et ça m’aide. Ca m’aide à avancer. Je sais qu’on va y arriver. On prend le temps de s’arrêter au ravito à marcher un petit peu avant de repartir. Mais repartir après avoir marché c’est dur. Il faut remettre la machine en marche. Alors maintenant on ne s’arrêtera qu’au prochain ravito.
38ème km : on arrive dans le quartier Confluence. Il ne reste plus que 4,195km. Ce n’est qu’une sortie courte. Les encouragements des supporters m’aident à avancer.
40ème km : enfin un ravito. J’ai soif et il commence à faire chaud. Mon oncle ressent une vieille douleur dans le mollet, alors on ralenti un peu le rythme. Ça fait du bien à tout le monde. Ce marathon on le finira ensemble. Et puis d’un coup, un regain d’énergie. Peut-être parce que je réalise que la ligne d’arrivée n’est maintenant plus si loin ? Je me sens fraîche, comme si l’on venait de commencer à courir. J’ai une toute nouvelle source d’énergie qui surgit de nulle part. On commence à croiser des finishers qui nous annonce que la ligne d’arrivée est bientôt proche. Et je comme à réaliser que ça y est, on arrive à la fin. Les larmes me montent, et un flot d’émotions s’empare de moi. On y arrive.
Finisher : dernier virage et je l’aperçois : la ligne d’arrivée, le panneau « ça y est tu es marathonien ». Je pleure dans mes dernières foulées et je me resaisie. Fabienne et ma cousine Flore sont là. Elles nous accueillent. Mon chéri, mon oncle et moi arrivons sur la ligne d’arrivée. Ensemble.
En écrivant ces derniers mots j’en ai encore les larmes aux yeux. On l’a fait. On a couru ces 42,195km ensemble. Cette ligne d’arrivée signifie bien plus qu’une simple course pour moi. C’est l’accomplissement d’un challenge personnel et familial.
Et pour la première fois je peux enfin le dire : je suis fière de moi. Ce sentiment est indescriptible.
Il y a des choses que l’on peut s’acheter, et des choses que l’on va chercher loin. Et aujourd’hui on est allés chercher cette énergie et cette force loin, très loin.
Mon temps ? 5h ! Et je suis fière de le dire !
Oui j’aurai pu faire mieux, oui j’aurai pu courir tout du long. Mais je l’ai fait putain. Je suis allée au bout. Et pour un premier marathon je suis fière de ce que j’ai accompli. Le temps j’irai le chercher une prochaine fois. Cette fois j’ai appris à me connaître, à savoir que je pouvais aller au bout d’un projet pas si facile que ça.
Encore merci à tous pour tous les messages d’encouragement, de soutient. Merci à tout ceux qui ont été avec moi dans ce challenge qui me tenait tant à cœur. Vous m’avez donné des ailes et ça n’a pas de prix.